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Le recours de la Ligue de protection des oiseaux contre la chasse à la glu, pratiquée dans le sud de la France, a été rejeté par le Conseil d'État fin décembre. L'association veut porter plainte devant la Commission européenne. Elle veut porter l’affaire devant les institutions de l’Union européenne. La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a annoncé ce jeudi «porter plainte devant la Commission européenne», après le rejet par le Conseil d’Etat...
Le recours de la Ligue de protection des oiseaux contre la chasse à la glu, pratiquée dans le sud de la France, a été rejeté par le Conseil d'État fin décembre. L'association veut porter plainte devant la Commission européenne.
Elle veut porter l’affaire devant les institutions de l’Union européenne. La Ligue de protection des oiseaux (LPO) a annoncé ce jeudi «porter plainte devant la Commission européenne», après le rejet par le Conseil d’Etat d’une demande d’interdiction de la chasse à la glu.
Cette chasse dite «traditionnelle», jugée «cruelle» par les défenseurs des oiseaux, consiste à capturer des oiseaux à l’aide de baguettes en bois enduites de glu et dissimulées dans la végétation, sur des arbres ou buissons. Les chasseurs viennent ensuite décoller ceux qui ont été pris au piège et les nettoyer, souvent à l’aide d’un solvant. Gardés vivants, les oiseaux sont placés dans des petites cages, pour attirer grâce à leur présence leurs congénères, qui seront tirés au fusil.
Les grives et les merles noirs concernésPratiquée de mi-octobre à mi-décembre, la chausse à la glu est seulement autorisée dans cinq départements du sud de la France : les Alpes-de-Haute-Provence, les Alpes-Maritimes, les Bouches-du-Rhône, le Var et le Vaucluse. Une directive européenne de 2009 interdit en effet les «méthodes de capture ou de mise à mort massive ou non sélective» d’oiseaux, mais prévoit des dérogations quand «il n’existe pas d’autre méthode satisfaisante». Seule la capture «sélective» des grives et des merles noirs «en petites quantités» par l’utilisation des «gluaux» est autorisée par Bruxelles dans les départements concernés.
Dans une décision rendue le 28 décembre, relevée notamment par France Bleu, le Conseil d’Etat a rejeté les demandes d’abrogation de cet arrêté déposées notamment par la LPO, estimant que la réglementation en vigueur prévoit «un régime d’autorisation et de contrôle rigoureux». Des quotas de volatiles pouvant être chassés sont en effet fixés chaque saison, en fonction des prises réalisées par les chasseurs pendant la saison précédente, comme le rappelait Libération récemment.
Environ 40 000 oiseaux sont «prélevés» par cette méthode, selon les chiffres communiqués à Libération par la LPO (15 600 dans le Vaucluse, 12 200 dans le Var, 11 400 dans les Bouches-du-Rhône, 2 900 dans les Alpes-de-Haute-Provence et 400 dans les Alpes-Maritimes).
Une pratique qui menace les espèces protégées, selon la LPO«On ne peut pas dire qu’on veut sauver la biodiversité et maintenir des pratiques d’un autre temps qui génèrent une souffrance inacceptable», dénonce Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue pour la protection des oiseaux, interrogé par Libération. Si les grives et les merles peuvent subir les conséquences de la glu sur laquelle ils s’arrachent les plumes, ils sont également victimes des produits utilisés par les chasseurs pour les décoller, qui «conduisent à la perte du plumage», pointe Allain Bougrain-Dubourg. «Affirmer que les oiseaux peuvent réintégrer leur environnement sans dommage est illusoire : les plumes arrachées fragilisent les oiseaux, il faudrait attendre une mue pour leur redonner leur liberté», assure le président de la LPO.
L’association met aussi en avant le risque que d’autres espèces que celles visées soient prises au piège. «On a retrouvé des plumes arrachées de différentes espèces protégées», comme «des gros-becs, des mésanges bleues, des fauvettes à tête noire», voire certains rapaces, souligne la LPO, dont les membres pratiquent des «contrôles inopinés» des pièges sur le terrain. La LPO fait état de «plusieurs exemples d’espèces protégées tuées» dans ce cadre, sans que le phénomène n’ait encore été quantifié.
Des «campagnes de dénigrement infondées» pour les pro-chasseL’association nationale de défense des chasses traditionnelles à la grive a de son côté salué la décision du Conseil d’Etat et dénoncé sur dans un communiqué des «campagnes de dénigrement infondées» de la part d'«Ayatollahs, apôtres de la pensée unique». Les pro-chasse à la glu mettent en avant l’existence de quotas et une réglementation très stricte, contrôlée par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage, qui permettent de réguler la pratique – des quotas pas assez contrôlés, selon les défenseurs des oiseaux.
Le ministère de la Transition écologique a lancé en octobre un groupe de travail sur les chasses traditionnelles comme celles à la glu ou aux filets. Cet été, une consultation publique sur le sujet a récolté «plus de 24 000 contributions. Les citoyens consultés ont dénoncé à 98% les piégeages», met en avant la LPO, qui réclame la prise en compte de ces avis dans le débat public. En portant l’affaire devant la Commission européenne, les défenseurs des oiseaux espèrent suivre le modèle de l’Espagne, condamnée en 2004 par la Cour de justice de l’Union européenne pour une pratique similaire dans la région de Valence.